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Une récolte abondante sur un espace restreint qui ne demanderait que très peu d’eau et d’effort, cela relève plus du domaine du rêve que de la réalité ? Et si maintenant, je vous disais qu’il existe une méthode pour y parvenir. Que vous disposiez d’un balcon, d’un petit jardin ou d’une surface plus importante, le potager en carrés est applicable partout. Né en Amérique du Nord, il y a plus de 30 ans, le « square foot gardening » ou « jardinage de pieds carrés » permet de produire avec un rendement nettement supérieur qu’avec la méthode traditionnelle (en pleine terre). Magique ? Non, loin de là ! Considérez plutôt la réussite de votre potager comme un ensemble de paramètres à réunir.

La conception d’un potager en carrés

Faire un potager en carrés est simple : 1 emplacement pour 1 variété. Là où cela devient intéressant, c’est que rien n’est laissé au hasard. Et si les radis se retrouvent à côté des carottes, c’est bien parce que vous l’avez décidé ainsi. Cela demande certes, un minimum d’organisation et une réflexion en amont. Dessiner ses plans en imaginant à l’avance ce que vous allez planter sera une nécessité. Mais nous y reviendrons. Pour le moment, je vous propose de réviser ou d’apprendre les bases théoriques et pratiques.

Des carrés dans des carrés, la méthode SFG

Le « square foot gardening » ou SFG consiste, comme son nom l’indique, à créer des carrés de 30 cm de côté (soit 1 pied). En termes de dimensions et pour une question d’ordre pratique, la longueur maximale ne doit pas excéder 1,20 m. Au-delà de cette mesure, récupérer vos légumes situés au centre relèvera du domaine de l’épreuve de force. Évitons autant que possible le lumbago. Si la longueur comporte une taille limite, libre à vous de choisir une largeur plus importante, selon vos envies et selon la place que vous souhaitez dédier à votre potager.

L’aspect rudimentaire de la conception du carré de culture devrait vous séduire. Celui-ci est également très économique. En effet, il n’est constitué que de quatre morceaux de bois. En utilisant des planches de coffrage (non traitées), disponibles dans tous les magasins de bricolage, votre réalisation ne vous coûtera pas plus de dix euros.

Moins de théorie et plus de pratique, la construction de votre potager en vidéo

Cette vidéo, je la voulais simple, pour vous prouver que construire votre propre jardin potager est à votre portée. Deux minutes suffisent. Alors, prêt·e·s à jouer aux apprenti·e·s jardinier·e·s et à semer, cultiver et récolter vos salades, aromates, courgettes, tomates, melons et autres denrées que vous affectionnez tant ?

(Source : Rustica)

Potager en carrés et plus si affinités !

Vous n’avez pas de jardin et vous envisagez un potager de balcon ? Un petit potager vous suffit ? Vous aimeriez disposer d’un potager surélevé ? Vous êtes un anticonformiste, vous avez votre propre interprétation du potager en carrés, vous êtes un créatif ? Qui a dit que vous deviez tous faire la même réalisation ? Libre recours à votre imagination ! Je vous propose de découvrir d’autres possibilités originales.

Le potager en carrés classique

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(Source : Gammvert)

Le potager en carrés en escalier

Potager escalier

(Source : Ducatillon)

Le potager en carrés sur pieds

Potager sur pieds

(Source : Gammvert)

Les potagers en carrés « design »

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(Source : mapassionduverger.fr)

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(Source : Pinterest-Imgur)

Ma propre réalisation de potager en carrés

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Comment le potager en carrés parvient-il à vous fournir de tels rendements ?

N’avez-vous jamais remarqué la ressemblance entre un potager en carré et ces sublimes jardins médiévaux en bois tressé ? Ce n’est effectivement pas un hasard si cette technique ancestrale se retrouve dans la conception de ce type de jardin. Entourée de planches de bois, la terre se réchauffe plus vite. Le drainage est facilité. Il est également plus simple d’équiper votre carré d’une protection contre le froid, de poser un tunnel pour vos salades, de créer un abri à tomates ou même de concevoir une mini-serre pour les légumes qui ont besoin de plus de chaleur.

En compartimentant votre production et en paillant le sol, les mauvaises herbes sont limitées. Une fois celles-ci repérées, vous n’avez plus qu’à vous en débarrasser. L’emplacement de vos carrés n’est pas à négliger. Éloignez-les suffisamment de vos haies ou de vos arbustes qui peuvent créer des zones d’ombre. L’exposition va jouer également un rôle déterminant pour l’ensoleillement. Notamment pour faire pousser votre plan de tomates qui nécessitent de beaucoup de soleil.

La qualité de la terre, le b.a.-ba de la réussite du potager en carrés

Rien ne sert d’acheter des plants de haute qualité si vous n’avez pas étudié un minimum la nature de votre sol. La méthode des carrés est assimilable à une forme de culture hors-sol. Et c’est plutôt une bonne nouvelle, car cela vous évitera de longues heures de recherche pour savoir si votre terre est plutôt argileuse ou sableuse ? Acide ou basique ? Si elle nécessite d’être fertilisée ? Oublions toutes ces questions, car je vous propose une méthode qui fonctionne à coup sûr !

 

Composez vous-même votre substrat avec :
• 1 tiers de vermiculite ;
• 1 tiers de tourbe ;
• 1 tiers de mélange de 5 terreaux différents.
Pour un carré de 2,5 m² (1,2 m x 2), vous aurez besoin d’environ 200 litres de substrat.

N, P, K, non ce n’est pas un groupe de rock, mais bien les trois éléments indispensables à réunir

Avoir le bon substrat ne suffit pas toujours. Ne vous avais-je pas promis les plus beaux légumes du quartier ? Pour des plantes en bonne santé et donc plus productives, vous allez devoir jouer au petit chimiste. Je vous rassure, il n’est pas question ici d’avoir recours à des produits chimiques. Que du bio et des produits naturels !

 

Les trois fondamentaux du potager en carrés :
1. N pour azote. L’azote contribue au bon développement des végétaux en apportant toutes les protéines nécessaires à leur croissance. Celui-ci est présent naturellement dans l’atmosphère. À part les légumineuses (haricots, pois cassés, lentilles, etc.) qui sont capables de le capter dans l’air, tous les autres légumes devront le puiser directement depuis le sol. Alors, comment procéder ? Un purin d’ortie maison fera l’affaire. Vous pouvez également déposer des tontes de gazon, du sang séché ou même des cendres de bois.

2. P pour phosphore. Le phosphore permet l’enracinement ainsi qu’un développement harmonieux de la plante en renforçant ses défenses immunitaires. Parsemez votre terre de fumier, d’engrais verts, de compost, de poudre d’os ou de fientes de volailles et le tour est joué.

3. K pour potassium. Le potassium favorise la floraison et active la production des fruits. Celui-ci offre également une bonne résistance face aux maladies et aux intempéries. Là encore, le compost et la cendre de bois pourront corriger la carence. La consoude est également une excellente source naturelle de potassium.

 

Les nutriments complémentaires

Dans une moindre mesure, mais à ne pas négliger non plus, d’autres nutriments permettent le plein épanouissement de vos plantations : le calcium (Ca), le soufre (S) et le magnésium (Mg). En principe, si vous appliquez ma méthode, il ne sera pas nécessaire d’en rajouter. Dans tous les cas, si vos plantes souffrent d’un manque, vous le constaterez rapidement. Bien souvent, l’état des feuilles (jaunissement, tâches, recroquevillement, etc.) est un bon indicateur de l’apparition d’une maladie ou d’une attaque de parasites. Pour lutter contre ces derniers, il faut attirer les prédateurs de ces nuisibles dans votre jardin ou les éloigner en choisissant les plantes appropriées.

Pour des légumes de qualité, invitez la biodiversité

Abeilles

(Source : Pixabay-Buntysmum)

À ce stade de l’article, vous savez créer un carré potager, vous savez réaliser un bon substrat et les éléments naturels à réunir dans votre jardin n’ont plus de secret pour vous. Mais alors que vous manque-t-il ? Tout simplement, des notions de permaculture. Le concept est d’apporter de la vie et de la couleur à votre potager. Si vous retenez cela, vous avez tout compris ! Si les vers de terre fourmillent dans votre jardin, c’est bon signe ! Mais il faudra également associer des fleurs avec les légumes.

En attirant les pollinisateurs et les insectes amis, vous créez une barrière naturelle efficace contre les nuisibles. Et quand les butineuses travaillent à votre place, vous n’avez plus qu’à admirer le spectacle de va-et-vient qu’elles vous offrent. Armez-vous de consoude ou de bourrache. Préférez une diversification de cultures en petit nombre plutôt qu’une grande quantité de faibles variétés.

L’association des plantes potagères, un mariage détonnant

L’harmonie, c’est la vie ! Dans votre potager en carrés aussi ! Certains sont faits pour s’entendre alors que d’autres doivent s’éviter. Savez-vous par exemple que les haricots et les pommes de terre font très bon ménage ? En effet, ils se protègent mutuellement. Les haricots verts éloignent les doryphores qui ravagent les cultures de pommes de terre.

En revanche, cette dernière déteste la présence proche de choux ou d’oignons. Les œillets d’Inde plantés à proximité des tomates protégeront contre les attaques de pucerons et de fourmis. D’ailleurs, on pourrait penser que les fourmis sont inoffensives. En réalité, elles élèvent les pucerons. Savez-vous pourquoi ? En se nourrissant de sèves riches en sucre, les pucerons produisent des déjections qui sont véritablement des friandises très appréciées par les fourmis.

Comme quoi, le vivre ensemble n’est pas toujours profitable à tous. Ne laissez pas vos plantations être réduites à néant par des ravageurs, mais essayez plutôt d’attirer leurs prédateurs. Par exemple, savez-vous qu’une coccinelle peut consommer plus de 50 pucerons par jour ? Contre les limaces et les escargots, vous pouvez construire un abri pour les hérissons (espèce en danger) et pour les oiseaux, qui en sont de gros consommateurs.

Même s’il est possible de mémoriser quelques associations de culture, je vous mets au défi de toutes les retenir. Je préfère vous partager ce tableau et je vous invite à cliquer sur l’image pour consulter les informations que j’ai sélectionnées pour vous.

Association des cultures

(Source : ecoconso.be)

La rotation des cultures dans votre potager en carrés

La permaculture nous apprend qu’en faisant succéder sur une même parcelle, le même type de plantes potagères, on appauvrit rapidement le sol. Cela revient à faire de la monoculture, ce qui peut rendre la terre infertile à terme. En pratiquant la rotation des cultures d’une année sur l’autre, la terre sera toujours riche en éléments nutritifs essentiels. Ainsi, vous réintroduisez des réserves durables en humus dans votre sol qui est un véritable engrais naturel.

 

Là encore, la rotation des cultures obéit à des règles bien précises que je vous invite à découvrir en cliquant sur l’image ci-dessous.

Rotation des cultures

(Source : ecoconso.be)

 

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », l’économie circulaire s’applique également au jardin

Les feuilles mortes, les pelures des légumes et des fruits, les fanes de radis, de carottes et de navets, en somme la plupart des déchets verts sont récupérables et compostables. Le compost fournit à votre jardin de la bonne terre, riche en matières organiques. Les branches taillées de vos arbres et de vos buissons peuvent être broyées pour constituer un excellent paillage qui maintiendra l’humidité et évitera la pousse des « herbes folles ». Les coquilles d’œufs écrasées peuvent être utilisées en bordure de vos carrés potagers pour jouer le rôle d’obstacle tranchant contre les ravageurs.

 

Tout bon jardinier se doit de disposer d’un récupérateur d’eau de pluie ainsi que d’un composteur.

Potager en palette

(Source : Pixabay-Antanias)

 

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